Ce cube d'acier est livré avec un marteau de forgeron afin que le client puisse personnaliser sa forme lui-même. Il peut le battre, l’emboutir et le marteler jusqu'à ce qu'il obtienne la forme désirée : un propre morceau parfait d'art fonctionnel. Cette chaise est une co-production entre le designer et le client, combiné au mouvement artistique et artisanal du “Do It Yourself ».
Do Create, fondé en 1996, regroupe des designers internationaux venus s’associer autour de travaux expérimentaux. Notons qu’ils s’approprient le verbe “ to do ”, c’est-à-dire le verbe faire du concept “ do it yourself ”. Comme le laisse sous-entendre Do Create, au travers de leurs créations, peu importent les moyens, seule la finalité compte : “ All we have to do, is doing something. ”
Ainsi, pour s’asseoir sur le fauteuil Do hit de Marijn van der Poll, il revient au propriétaire d’emboutir l’assise grâce au marteau fourni. En effet, ce fauteuil est livré sous la forme d’un bloc d’acier creux, parfaitement cubique. Tel quel, il ne peut servir en tant que fauteuil. Dans les objets de Do Create, l’objet ne se donne pas à l’usager sous sa forme ustensilaire traditionnelle. Do Create s’amuse donc à perturber nos sens pour nous induire en erreur. Généralement, la solution à ces énigmes réside dans le nom de l’objet : “ do hit ”, “ frappe-le ”.
Comme le fait remarquer son créateur :“ Frappez-le et martelez-le, jusqu'à ce que bon vous semble, et sculptez pour vous-même la forme que vous souhaitez qu'il ait. Plus ou moins creuse, le choix dépend de vous. ” L’acheteur customise totalement cette assise qui peut être plus ou moins haute pour offrir tout autant un fauteuil, un fauteuil club ou une chauffeuse. Lui revient aussi la responsabilité ergonomique ; le confort reste entièrement à sa charge.
De par l’ensemble des interventions possibles, il est impossible que le designer connaisse, avec exactitude, la forme que prendra cet objet, une fois acheté. Nous sommes donc clairement dans le design aléatoire. L’ensemble des créations aléatoires étudiées montre la réelle volonté de faire participer le consommateur. Comme nous allons désormais l’analyser, ainsi approprié par les mains de son “ acquéreur ”, l’objet devient messager, médiateur d’une philosophie, d’une éthique choisie et partagée avec le designer. Sans l’acceptation de cet échange, l’objet reste sans fonction.